Que seraient devenus nos politiques sans Facebook ?
La nouvelle tombe comme un couperet. Une panne survient par surprise. Brusquement. Pas de Facebook en un un temps où le citoyen tunisien lambda a fait des réseaux sociaux sa source d’information faute de contenu fiable censé être donné par les médias classiques qui ne jouent que peu ou pou le rôle qui leur est dévolu en dehors de la langue de bois ou des contenus partisans . C’est l’ère du post-média, messieurs dames. Imaginez un peu Kais Saied sans sa page de la présidence de la République sur Facebook ou encore Abir Moussi sans son mégaphone et son smartphone alliés des jours difficiles à la révolue ARP, sans nos politiques chéris qui crient au complot à longueur de journée! Imaginez notre quotidien sans le belliqueux des dits’’ moucherons bleus nahdhaouis’’ qui pullulent sur Faceboook pour attaquer à coup d’injures et de grossièretés tous ceux qui donneraient un avis différent des leurs. Imaginez notre quotidien sans le sarcasme et la saillie d’esprit des internautes tunisiens . Imaginez nos vies sans les avanies infligées aux uns et aux autres, sans rumeurs et sans calomnies . Sans infamies. Ou encore sans sottises des politiciens. Sans notre culture de la violence virtuelle, sans ces analystes facebookiennes qui font que tout le monde s’improvise expert, à la fois, en sociologie ou en politique internationale, en droit et en procès d’intensions !
Imaginez un seul instant nos vies plates de Tunisiens sans réseaux sociaux, sans instagram allié de l’hypocrise sociale et des apdeptes du ‘’m’as-tu vu’’ ? Quoi ! Mais on se serait certainement retourné vivre aux côtés du célébrissime « âne qui aurait trébuché sur une pierre au désert de l’Irak » et on se serait joint à ses âneries et compatit à ses malheurs anesques . Ce serait la fin du monde, une idée sur la quelle ont planché des réalisateurs à l’imagination débordante et les scénarites les plus fatalistes et les plus fatidiques qui soient, allant de ‘’Hackers wanted’’, en passant par ‘’Hackers are peeple too’’ ou ‘’Snowden’’et ‘’The deffenders’’… Sans s’y attarder , rappelons ce qui s’est passé.
Un problème technique ou une cyberattaque ?
Pendant près de six heures les Tunisiens tout comme le reste du monde étaient coupés des réseaux sociaux. Dans un article paru sous le titre « Comment une panne géante d’aiguillage a mis Facebook, Instagram et WhatsApp à genoux », lit-on au site 20minutes « L’ensemble des services du géant californien (Facebook, WhatsApp, Instagram, Messenger et Occulus) sont restés en rade dans le monde entier…Et si un retour progressif à la normale s’est opéré autour de minuit, Facebook, qui traverse une zone de turbulences avec le témoignage d’une lanceuse d’alerte, va devoir s’expliquer. Auprès des 3,5 milliards de personnes – près de la moitié de la planète. Dans la nuit, Facebook a indiqué qu’un «changement dans la configuration» des routeurs du coeur de son réseau (backbone) «qui coordonnent le trafic entre nos data centers a provoqué un problème qui a interrompu les communications. Cela a perturbé le trafic et a eu un effet boule de neige sur la façon dont nos data centers communiquent, mettant tous nos services à l’arrêt». Un problème technique, à priori qui aurait coûté un argent sonnant et trébuchant à l’entreprise Facebook. Alors une panne technique ou une cyberattaque organisée par ce môme de 13 ans ? Quoi qu’il en soit, notons qu’ « A Wall Street, le cours de Facebook, déjà en baisse en début de séance, a plongé de 5 %, faisant perdre 6 milliards de dollars à Mark Zuckerberg. »
Le’’user generated content’’ loin des diktats des médias traditionnels
En Tunisie, Facebook a aidé des politiques à gagner en notoriété. Depuis quelques années, Kais Saied s’est propulsé au devant de la scène politique grâce notamment à la toile et à ses pouvoirs formidables qui a fait sortir au devant de la scène médiatique un genre nouveau de politiques qui exercent loin des sentiers battus et surtout des diktats des médias traditionnels. La page de la présidence du gouvernement est, aujourd’hui ,la source unique d’informations sur les activités du président et ses décisions. Sans oublier Abir Moussi la présidente du PDL qui a subi les brimades de ses détracteurs et qui a fait de ses ‘’lives’’ sur Facebook, un outil pour esquiver les manœuvres politiciennes cherchant à la mater et surtout pour éviter les écueils du blackout médiatique fomenté, jusque-là , par les nahdhaouis. On ne doit pas se mentir, les islamistes d’Ennahdha ayant mis sous leur grappin des médias qui travaillent toujours pour eux, ont fait porter des citoyens et des des politiques sur le choix de l’internet et ses possibilités.
Le’’user generated content’’, le concept renvoie en fait, au contenu fabriqué par les usagers et fait de Facebook un média à part entière qui fait des internautes des faiseurs de contenus en un temps caratérisé par l’ère du « post-média » .
« Nos frères inattendus » , un roman d’Amin Maalouf
La question de la technologie et de ses pouvoirs dans un monde régi par la science, prend une autre dimension dans la thématique romanesque proposée par Amin Maalouf dans son dernier écrit en date. Dans « Nos frères inattendus », le franco-libanais, membre de l’Académie française, exerce une sorte d’ expérience de la pensée sur ce qui peut être l’Occident dans son rapport à la technologie. Avec son écriture faite d’allusions culturelles à la question de l’identité et de réflexions philosophiques de haute volée, Maalouf parle d’une panne d’électricité qui paralyse le monde entier et annonce la fin de la vie des humains… « L’Occident a perdu son chemin, nous avons besoin d’une vraie réflexion sur notre vivre ensemble. » dit-il dans une sorte de réflexion prophétique qui nous met face à notre réalité d’humains et montre notre fragilité face aux aléas de la technologie et de ses mutiples avatars.
Mona BEN GAMRA