Quand l’enseignement fait des enfants tristes
Exit les enfants parfaits qu’on dépose le matin à l’école qu’on retourne chercher le soir et qui après une pause dîner regagnent leurs petits bureaux pour faire leurs devoirs. Dans la réalité des choses, les enfants qui rentrent chez eux sont fatigués tout comme leurs parents qui après une longue journée de travail se sentent au bout de leurs vies. Pauvres de nous. Et si nos enfants, ces éternels lésés du système scolaire tiennent le coup pendant les années du primaire ils défieront l’autorité de leurs parents à l’adolescence et détesteront un modèle d’école qui ne prend pas en considération leurs capacités intellectuelles, leurs capacités d’adaptation encore moins leurs différences.
Une question se pose : les apprentissages intellectuels et sociaux imposés par notre système éducatif sont-ils propices à développer l’esprit critique d’un enfant et sa faculté de raisonner ou encore sont-ils favorables au développement de son être à travers la construction de sa pensée ? La réponse est non, parce que dans nos établissements scolaires la pratique enseignante est massive et intimidante. Les principales critiques faites à l’école concernent les horaires d’apprentissage jugés trop longs et lourds et la fréquence des maltraitances émotionnelles et parfois physiques (humiliation, intimidations, etc.), sans oublier les devoirs du soir source de crispation dans des familles.
Le cauchemar des devoirs du soir
Le soir les crises de pleurs face à un tas de devoirs non achevés est devenu une source de stress et même d’anxiété pour des parents qui ne trouvent plus les moyens de mieux faire vivre la scolarité à leurs enfants. Il va sans dire que les horaires scolaires encombrants ne laissent aucune place à la détente, pour que des petits écoliers, collégiens ou lycéens explorent leurs capacités créatives à travers des activités culturelles, ou se défoulent dans des activités sportives. Ecole, devoirs et le soir encore des devoirs, c’est le quotidien d’apprenants qui regagnent des établissements scolaires le matin à 8 h 00 et ne les quittent qu’à 16 h 00 voire à 18 h00.
Nos enfants sont-ils devenus des automates qu’on submerge d’un travail sans limites et qu’on expose à la double pression des notes et de la perfection coûte que coûte ?
Un apprentissage de l’imperfection
Dans « L’apprentissage de l’imperfection » Ben Shahar un professeur de l’université de Harvard conseille ses lecteurs de se libérer de ce mal insidieux, à savoir le perfectionnisme. Selon lui, s’affranchir d’une impossible perfection soulage et calme les esprits « saisis par le doute, paralysés par la peur de l’échec, condamnés à la frustration permanente ». L’auteur « offre ainsi une mine d’exercices qui permettent d’y arriver en acceptant d’être des parents ‘’suffisamment’’ bons, en se donnant la ‘’permission d’être humain’’ et d’appliquer ‘’la règle du juste milieu’’ » Cela dit se réjouir de voir son enfant quoique moyen à l’école mais épanoui ailleurs en se donnant la possibilité de créer, expérimenter, oser et se tromper. « Pour vivre une existence bien remplie et pleinement satisfaisante, il faut s’autoriser toute la gamme des sentiments. Autrement dit, nous devons nous donner la permission d’être humains. » dit-il, qui par extrapolation montre le chemin à ceux qui s’égarent sur le chemin tortueux d’une école qui pousse tout un chacun (parents et apprenants) à se livrer à la course des notes et des épreuves sans fins. Ceux-là mêmes qui se retrouvent sur la piste glissante de la perfection. Il faut tout simplement lâcher prise et aider son enfant à vivre sa scolarité à son rythme et non pas selon un système scolaire défaillant qui ne prend aucunement en considération sa différence et ses vraies capacités.
Mona BEN GAMRA