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JTC 2023  

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Ghotbbedin Sadeghi , dramaturge et metteur en scène iranien 

«Sur les planches du théâtre, j’ai retrouvé mon ancien camarade    de la Sorbonne Fethi Akkari   que je n’avais pas revu depuis 38 ans…»

Ghotbbedin Sadeghi est un nom incontournable dans le paysage théâtral iranien,  lui, qui  a révolutionné l’art dramatique dans son pays natal, en créant un pont entre la culture ancestrale et la modernité depuis les années 80. son doctorat en Arts Dramatiques à l’Université de la Sorbonne en poche, il a depuis  produit des pièces de théâtre qui ont marqué les esprits par leur richesse artistique et intellectuelle.  Sadeghi se livre à nous dans ce raccourci . 

On dit que vous êtes le père fondateur du théâtre contemporain dans votre pays, l’Iran. Qu’en dites-vous? 

(Sourire ) je suis considéré ainsi. Je trouve que j’ai contribué à donner un certain regard du théâtre . Bien sûr il y a d’autres noms du théâtre comme Rafie, Khosravi, Samandarian, etc.

J’ai commencé à travailler sur des oeuvres classiques:  Shakespeare, Molière, Sophocle. Plus tard , j’ai approché Sartre, Camus, et leur vision existentielle du monde . Leurs œuvres m’ont touché par leur pertinence et leur résonance avec la situation existante, parce qu’il   y avait    quelque chose à dire qui correspondait énormément à  la situation dans laquelle j’ ai eu à traiter certains sujets. 

 J’ai mis en scène  Caligula, qui m’a semblé être une analyse très profonde de la dictature, un sujet qui m’intéresse énormément. J’ai essayé d’apporter mon interprétation personnelle de ce personnage complexe et de sa relation avec les autres. D’après moi c’était une analyse très profonde de la dictature. Et cela m’intéresse énormément de voir comment les gens réagissent par rapport à un dictateur. J’ai donné mon analyse par rapport à cela . C’était il y a18 ou 20 ans. J’ai signé 55 mises en scènes.

 D’après-vous quel est le rôle du théâtre dans un pays comme l’Iran? 

Le théâtre est un art qui peut avoir plusieurs fonctions selon le contexte et le public. Le premier rôle de chaque art est divertir le public  en leur offrant un spectacle qui les fait voyager dans un univers imaginaire, loin des soucis du quotidien. Il peut aussi éveiller les consciences et  apporter quelque chose à la conscience collective pour transformer la vie instinctive et l’élever à une vie culturelle. Enfin, il peut contribuer à instaurer la paix et la compréhension entre les êtres humains loin du jugement, en leur montrant la diversité des points de vue et en évitant le jugement hâtif ou péremptoire. 

Avez-vous regardé des pièces de théâtre pendant cette semaine? 

J’ai assisté à plusieurs pièces de théâtre cette semaine, dont trois par jour en moyenne. La plus marquante a été « Mute », une création d’un metteur en scène koweitien et d’une actrice syrienne. Ils ont exploré la situation au Liban après l’explosion et son impact sur les mentalités, les comportements, la vision du monde des gens. J’ai trouvé cette approche de l’histoire très intéressante et originale. J’ai aussi apprécié la pièce « Fragments » de Fethi Akkari . Vous savez,  c’est un ancien camarade de la Sorbonne que j’ai retrouvé sur scène après 38 ans, c’était très émouvant.

Qu’attendez-vous de votre participation aux Journées théâtrales de Carthage? 

 Pour moi, participer à cette manifestation c’est avant tout une occasion de découvrir des œuvres originales, innovantes et engagées, qui reflètent les réalités et les aspirations des peuples. C’est aussi une opportunité de rencontrer des professionnels du théâtre, d’échanger des idées, des expériences et des projets. C’est enfin une source d’inspiration et d’enrichissement personnel, qui  permet à tout un chacun  de développer sa sensibilité artistique et sa vision du monde. 

Mona BEN GAMRA