Le spectacle de tous les défis
Evidemment, réunir un orchestre, des danseurs, une chorale pour un concert de deux heures est un immense projet. Que diriez-vous si à cela on ajouterait une qualité d’interprétation qui allie chant lyrique et pop voire même musique orientale. Le tout en un concert qui porte l’emblème de la tunisiannité et l’authenticité d’un art de haute facture et d’un spectacle signé Hassen Doss qui n’a laissé personne indifférent. C’était au festival de Carthage il y a quelques jours. On y revient tout comme sur plusieurs autres spectacles qu’on garde au fond de notre mémoire en espérant voire encore ces artistes se produire dans les jours et les années à venir.
Hassen Doss est un artiste à qui on peut écrire une musique dans plusieurs registres de chant. Avec la tessiture de sa voix, l’artiste qu’il est peut modérer à sa guise le chant pour interpréter une chanson sur un registre lyrique, ou sur d’autres registres. Sur la scène du festival de Carthage il a montré, il est aussi un artiste pop qui sait jouer à la manière des virtuoses de sa guitare électrique en faisant du show, du spectacle qui oblige le spectateur à suivre son mouvement ses virevoltes, ses gestes, ses coups de théâtre multiples et qui font toute sa spécificité et l’originalité de son art.
Un artiste hors du commun
C’est son cachet. Son style. Sa présence scénique qui font de lui un artiste complet, car hors du commun en plus d’être un bon musicien, interprète et compositeur. Il a l’imagination fertile aussi pour rêver de ce spectacle il y a quelques années et imaginer cette scène toute en mouvement dans laquelle il est le personnage protagoniste se jouant de l’espace et du temps à travers un projet ambitieux, doté d’un éclatant programme survolant les classiques (Andrea Bocelli, Demis Roussos…) et quelques perles rares de la musique tunisienne ou orientale, sans oublier la musique pop.
Un moment de chaleur et de convivialité
Le concert s’ouvre, solennel, sur « Con Te Partirò » ( Avec toi je partirai)d’Andrea Bocelli qui déploie la voix ample et mesurée d’Hassen Doss. Son timbre sied sans fautes aux rôles endossés par sa double voix. S’ensuit après le mot de bienvenue un moment touchant qui enchante l’assistance lorsque l’artiste interprète une comptine emprunte d’une admirable tendresse qui ouvre le bal à des danseurs qui complètent l’ensemble de cette touche de délicatesse.
Les chansons du répertoire universel interprétées par Doss, à l’exemple de « Quand je t’aime » de Demis Roussos, ou « May Way » de Frank Sinatra sont parmi les pépites de cette soirée musicale où a rayonné l’artiste avec sa voix qui se répondait toute en pugnacité et en équilibre et avec son interprétation agrémentée de théâtralité. Hassen Doss est un artiste qui impressionne par la puissance aisée de sa voix et par le travail de longue haleine qui précède ses spectacles qui sortent de l’ordinaire même s’ils sont de haute facture artistique. Cela paye. Le public qui répond par sa présence massive apporte à chaque fois son soutien à l’artiste avec son enthousiasme, saluant chaque air d’une marge salve d’applaudissements. Saluant aussi avec le même entrain ces enfants invités par l’artiste sur scène et ayant interprétés une chanson de Rym Bandari « Aatouna toufoula » ( Redonnez-nous notre enfance).
Une artiste humain
Hassen Doss est un artiste humain. Il le dit et le montre, lui qui a arrêté le spectacle pendant quelques instants en attendant l’arrivée des secours pour prendre en charge une personne âgée parmi l’assistance. Hassen c’est aussi l’enfant adulée d’une maman présente ce soir-là et qui suivait d’un regard attendrissant la performance de son fils. Hassen Doss , d’un geste spontané lui remet sa cape tombée par terre comme pour montrer qu’une maman chérie est toujours là pour ses enfants et qu’à ses yeux ils ne grandissent jamais.
Mona BEN GAMRA