De l’art sans fard
Avec Lobna Noomane, il y a toujours ces chansons intemporelles, ces trésors du terroir qu’elle puise, et son compagnons de route Mahdi Chakroune , à travers un travail sur les arrangements mais jamais sur les mots qui s’égrènent comme pour nous nous rappeler notre part d’ancestralité. Quelques notes et sonorités pour donner le ton et toujours le texte intacte des chansons d’antan qui nous donnent le plaisir magique de renouer avec des histoires et des situations vraies, tout comme son art d’ailleurs.
Un art sans fard. C’est le qualificatif qu’on peut attribuer au spectacle de Lobna Noomane, qui à l’ouverture de la 46ème session du Festival international de Dougga a donné un show musical qui a ramené toute l’assistance à ces époques révolues de notre patrimoine immatériel, ces chansons que fredonnaient des générations de Tunisiennes et de Tunisiens et qu’on a tendance à oublier ou à délaisser.
L’artiste ‘’aux pieds nus’’
C’est un public sous le charme et une assistance complètement conquise par le chant et la présence scénique de Lobna Noomane qu’on a pu voir à ce spectacle du 05 août 2022. Beaucoup d’artistes du théâtre à l’exemple de Dalila Meftahi, Jallal Eddine Saadi, Wafa Taboubi, etc se sont déplacés pour voir une artiste dont la prestation ne démérite jamais. Lobna Noomane a commencé par interpréter une comptine tunisienne, ce genre de chansons de toujours qui de la voix enchanteresse de l’artiste, perchée au sommet de la gamme nous a transporté dans ce monde de la petite enfance candide et ingénu, pur et innocent. Les balades musicales de cette soirée n’étaient pas moins remarquables et a conquit un public qui entretient avec elle une relation passionnée.
« Kib Il foulara » , « Il Gamh w shoula » , plusieurs chansons interprétées par Lobna Noomane n’ont fait que prolonger l’émotion d’un public qui reçoit tant d’amour de son artiste et le lui rend en revivant sa voix aussi unique et inoubliable dans l’interprétation du chant bédouin. Lobna Noomane telle une Césaria Evora au sommet de son art, a choisi de chanter pieds nus et a ajouté quelques pas de danse qui ont fait tout le charme d’un spectacle visuel complet.
Le corps d’une femme en pleine gestation
Place par la suite à des chansons récentes composées notamment par Mahdi Chakroune et qui quelques années auparavant ont fait l’objet du spectacle « El Walléda » qu’a signé le duo artistique Noomane et Chakroune. « El Walléda » qui dans le dialecte tunisien signifie , la matrice nous fait redécouvrir ce qu’un corps féminin géniteur et fertile peut donner à voir. C’est aussi une manière de montre rune fois de plus que le corps d’une femme synonyme d’abandon et de dévouement est une source d’inspiration qui ne tarit jamais. Sur la scène musicale cela se traduit par la présence vivante et fascinante d’une artiste qui en pleine créativité artistique nous rappelle le corps d’une femme en pleine gestation.
Mona BEN GAMRA
