You are currently viewing FIH 2022
©festival international de Hammamet

FIH 2022

 « Roméo et Juliette » débarquent à Hammamet

Dix huit danseurs sur scène  et une  chaleur humaine de corps qui se délient s’adonnant  à des mouvements de chair qui s’extasie. Toute la vivacité de la danse contemporaine est là.  L’amour  exalté et tragique tel qu’exprimé dans l’œuvre originale est là, tout comme l’histoire de ces deux amoureux qui se déchirent  dans une relation passionnelle, obsessionnelle à en mourir. Un amour, comme on aime, qui sape et happe les esprits.

 « Roméo et Juliette », la création du Ballet de l’Opéra de Tunis a été donnée  au festival international de Hammamet  au grand plaisir  des  amoureux de cette œuvre shakespearienne qui continue d’inspirer plus d’un.

 L’adaptation tunisienne de « Roméo et Juliette » ,ce  must de la littérature universelle et qu’on a vu se produire depuis presqu’un an, est à la hauteur de l’oeuvre shakespearienne  qui   nous fait entrer dans un  monde au parfum charnel et d’innocences mêlées d’ un amour interdit par les convenances sociales. 

 Dans la première partie du spectacle, les  danseurs arborent des tenues d’époque, comme sorties d’un livre shakespearien, tout comme, les personnages de l’œuvre  théâtrale  notamment Roméo, Juliette, la nourrice et Paris,  les amis  des deux personnages  principaux et leurs familles respectives qui se livrent à des querelles sans fin.  Dansant par deux, en solo, ou en mouvements d’ensemble, ils  multiplient les tableaux chorégraphiés qui dans cette partie du spectacle, tiennent dans leur essence aux codes de la danse classique, dosée  à souhait et rappelant le faste des bals mondains et le luxe  de la vie de cour  qui plaisait à ceux qui la fréquentaient. Certainement  pas à Juliette qui choisit d’aimer une personne n’appartenant pas à sa classe sociale, s’attirant ainsi les foudres de sa famille.  Et là il  faut saluer, le choix des danseurs. Le personnage de  Juliette est porté sur scène par une danseuse, une ‘’bella signorina’’  qui  avec sa robe blanche vaporeuse  et sa longue chevelure aérienne incarne bien  son rôle d’une jeune femme à peine sortie de l’enfance.  Les supplices de la nourrice n’ont pas suffi pour raisonner la jeune Juliette qui  refuse le mariage avec Paris et décide de s’empoisonner. Eh oui, c’est ça l’amour et ses feux ardents qui  brûlent tous ceux qui s’y approchent… ‘’Bellissimo’’.

Danse free style

Changement de rythme.  La mort de Juliette constitue  une sorte d’amorce à l’ensemble. Des sons de cloche retentissent … Un vacarme suit et une musique stridente accompagne un enchevêtrement de corps…  D’anciennes querelles entre entités rivales  explosent et se traduisent  sur scène par des danseurs qui se livrent à  des batailles rangées imagées et traduites en tableaux où s’apparentent  des ombres qui se trémoussent et se meuvent dans l’obscurité d’une scène qui retrouve son côté tragique si cher au théâtre et à la danse théâtralisée. 

Les  mouvements d’ensemble synchrones  se soldent dans de belles envolées scéniques,  de mouvements aériens  et raffinés… La  chorégraphie  donne  aussi toute sa place à des individualités,  à des danses en solo où les artistes   montrent  des performances  hip hop, free style, ou encore  contemporaine recherchant l’essentiel de son expression dans un travail au sol, exigeant fluidité et mouvements de grande technicité. Les cubes  comme objets faisant partie de la chorégraphie et dont les bords  sont  lumineux et apparents, lui confèrent  tantôt du mouvement tantôt son côté statique voulu.‘’Bravissimo !’’.

La fin de la tragédie

« Roméo et Juliette » le texte du répertoire universel  dans sa mouture tunisienne  est un  spectacle de haute facture, digne du legs  shakespearien pour l’humanité, qui plus est, déridé car injecté  d’un pur sang tunisien, celui d’une jeunesse qui se  meuve, danse et se   surpasse et qui n’attend que ce genre d’opportunités pour briller. La fin tragique de l’histoire du spectacle, on la connait tous… Des cadavres jonchés à même le sol, attestant toujours et encore de la bêtise humaine et de ses multiples apories.  Rappelons que cette mouture de l’oeuvre shakespearienne est signée de la griffe du chorégraphe italien Luca Bruni assisté par Maria Olga Palliani et Veronica Nieddu  et réunit sur scène dix huit  jeunes danseurs tunisiens.  Le décor et les costumes sont conçus par le scénographe Mario Ferrari. La musique est  un mélange dosé de l’ œuvre du répertoire classique de Sergi Prokofiev   et d’ une composition originale de Marco Schiavoni.

Mona BEN GAMRA