On ne s’aime plus, on se querelle pour des riens
Alors ? on s’échange des regards d’amour ou on se regarde en chiens de faïence ? La deuxième probabilité est plutôt de mise si l’on considère qu’en Tunisie on se dispute, on se querelle pour des riens. Quand on s’aime on peut se disputer, se fâcher mais également se séparer quand les bisbilles donnent des chamailleries et le cortège de rancœurs. Pourquoi les conjoints ne s’aiment plus ? ou encore pourquoi continuer de vivre avec une personne qu’on n’aime plus ? Tour d’horizon des principaux motifs de division au sein des jeunes couples.
Il fut un temps où la femme, pour s’assurer un mariage à toute épreuve, ne contrariait pas son époux. Ne le contredisait jamais. L’image paraît caricaturale mais elle n’en n’est pas moins salutaire pour une femme qui veut préserver son couple parfois même au prix de sa dignité. Nos grand-mères, voire nos mères, soumises ou ingénieuses, auraient d’une manière ou d’une autre pu préserver leurs couples ? D’aucuns vous dira que les vieux couples résistent plus qu’aujourd’hui. Parce qu’avant la cellule familiale qui se construisait, était faite pour durer et s’est surtout basée sur le respect mutuel entre conjoints. « Lella » ! Un homme de bonne famille ne peut jamais appeler sa femme sans utiliser cette formule de politesse d’usage à l’époque.
On parle aujourd’hui d’un retour aux valeurs traditionnelles au sein d’un couple pour le pérenniser. C’est d’ailleurs ce que prêche un Best-seller américain sorti il y a quelques années, au titre provocateur et polémique, « Femmes soumises » (!). Dans son livre, l’auteur Laura Doyle prône le retour aux valeurs traditionnelles dans un couple pour le sauvegarder. Le livre a même été recommandé par John Gray, auteur de « Les Hommes viennent de Mars, les Femmes viennent de Vénus ».
Nos «wonder women» tunisiennes libérées du joug de la soumission se retrouvent par moments frustrées dans leur statut d’épouses, tout simplement parce que le mariage n’est pas perçu par le couple comme une «institution affective», mais comme un chemin balisé qu’on doit emprunter. « 46 affaires de divorce sont enregistrées chaque jour dans les tribunaux tunisiens. » selon les derniers chiffres officiels annoncés en 2020.
Et si la flamme amoureuse est vite éteinte au sein d’un jeune couple, c’est parce que l’amour n’a jamais existé dans leur relation qu’ils ont bâtie sur la base de convenances mutuelles et sont donc dépourvus d’une véritable relation amoureuse désintéressée et inconditionnelle. Et c’est cette absence d’amour qui entraîne de nombreuses frictions. Car au final, la gestion du quotidien de la vie à deux et en famille élargie s’avère, dans beaucoup de cas de figure, très peu évidente et beaucoup de couples perdent leurs illusions. Qui dit gestion du couple, dit aussi implication excessive de la famille dans la relation. L’argent est aussi un ‘’excellent’’ vecteur de disputes pour ces couples dirigés par l’intérêt. Quand l’argent vient à manquer et que les conditions sociales se dégradent, l’amour disparaît.
Pour l’amour de l’amour
Mais l’amour peut aussi s’effriter même dans le cas des mariages non basés sur l’intérêt. Des problèmes relationnels liés au tempérament des conjoints peuvent surgir et tuer l’amour. Car poussé à l’extrême, l’amour qui a fait frémir les cœurs peut aussi les briser. L’excès d’amour peut dans certains cas causer des désagréments. Si l’un des conjoints se montre envahissant, cela peut étouffer l’autre. La peur de perdre l’autre peut occasionner un manque de confiance et donc un climat de suspicion… Et bonjour les dégâts. Sans oublier la monotonie, ennemi juré des couples qui s’aiment. Dès qu’elle s’installe, la routine transforme un petit incident en affrontement.
Pour garder la flamme les écrits fusent de toutes parts pour nous combler de conseils. Mais il faut revenir à l’évidence, car chaque couple est unique et les deux partenaires qui espèrent le faire durer doivent construire leur intimité au fil des temps et des discussions. Un couple amoureux, c’est comme un enfant à qui on donne les moyens de vivre et de s’épanouir quotidiennement. N’empêche, si on pouvait vous faire profiter des quelques lectures faites ici et là, on dirait qu’il n’y a pas mieux que la communication pour garder la flamme amoureuse étincelante. En communicant, on est forcément à l’écoute de l’Autre, de ses attentes, de ses désirs. Car vivre en couple demande beaucoup aux partenaires : questionnements, ajustements, concessions, imagination et volonté de se faire plaisir ensemble. Vivre en couple c’est aussi un engagement lié à la maturité des deux partenaires, de leurs capacités à s’accepter mutuellement et dans certains cas à pardonner. Mais tout cela n’est-il pas compensé par la plus valable des gratifications : l’amour. Que demander de plus ?
Mona BEN GAMRA
