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La situation sanitaire commence à peine à se stabiliser

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Le grand retour des émigrés…

La Tunisie semble enterrer à jamais son expérience dure et éprouvante  avec le Coronavirus. Et même si le retour à la vie normale n’est pas encore annoncé officiellement les Tunisiens qui aiment la vie et ses joies ne se sont pas privés de se retrouver en familles et entre amis. Ici et en cette période de l’année  c’est carrément un remake du débarquement que nous vivons. C’est le grand retour des émigrés vivant de l’autre côté de la Méditerranée qui profitant d’une légère amélioration de la situation sanitaire pour rentrer au bercail. Ils arrivent. Ils sont tous là, nos chers concitoyens qui viennent se dorer au soleil d’été sur les plages bondées, s’adonner, le temps des vacances, au plaisir du farniente.   Qui sont –ils ? Hormis la catégorie des beurs, qui sont nos Tunisiens résidants à l’étranger  et a-t-on pensé à  profiter de leurs compétences acquises sous d’autres cieux ? 

Dans bon nombre de foyers, le tumulte du retour se fait entendre. Le rythme s’agite. On remonte les malles et les valises et les discussions s’enchaînent sur les paliers, de cette période difficile vécue au confinement et dans la peur de perdre des proches. La mort a certainement rattrapé 20000 tunisiens, mais là on préfère ne plus en parler comme pour taire une douleur lancinante pour pouvoir continuer de vivre.

Dans des hôtels, à Hammamet, Sousse, Monastir, etc. et en l’absence de statistiques fiables, on se contentera d’observer une grande affluence de Tunisiennes et de Tunisiens vivant à l’étranger se donner le plaisir d’un séjour au grand soleil sous notre beau ciel méditerranéen. C’est le grand retour des beurs, après une année de labeur. Les beurs ? Mais qui sont-ils au juste ? Qui sont ces personnes qu’on taxe de beurs et qui, à l’étranger, en France particulièrement,  ont leurs chaînes de télévision et de radios qui parlent en leur nom.  Ou presque.

Beurs d’aujourd’hui, immigrés d’hier

Les beurs d’aujourd’hui en France, sont les enfants des immigrés d’hier. Ils sont nés dans des familles ouvrières et ont été formés dans des écoles françaises. On en est actuellement à la quatrième génération d’immigration, en France, pays le plus concerné par le flux migratoire depuis la Tunisie. Dans les années 1960 et 1970, les émigrés travaillaient surtout dans les secteurs de construction et d’infrastructure. Ils sont finalement restés en France, en Italie ou au Canada, auprès de leurs enfants et petits-enfants et parfois même de leurs arrière-petits-enfants. La France qui depuis des années déjà, a opté pour une nouvelle politique d’accueil ‘’ne veut plus d’eux’’. Encore moins de leurs descendants considérés comme étant les boucs émissaires de la violence qui sévit dans Paris… Le problème d’intégration de nos jeunes beurs reste toujours à l’ordre du jour et ils ont du mal à se défaire d’un ensemble de préjugés qui les entourent.  N’empêche, depuis une trentaine d’années, la génération beur s’est affirmée en déclinant son identité en musique ou en cinéma, contrairement à ses parents et grands-parents. Mais l’acquisition de la reconnaissance a été un véritable parcours du combattant. L’art des « beurs » allant du hip-hop au folk, en passant par le swing, le gnawa, l’oriental-pop ou le raï est une manière de montrer que la communauté beur s’assume. Certains immigrés signent aujourd’hui de belles réussites artistiques mais aussi professionnelles et ils ne sont pas forcément des ratés.

Une nouvelle politique d’accueil

Mais nos Tunisiens résidants à l’étranger ne sont pas uniquement des beurs. Car ces dernières années ont vu le départ par masses d’individus de diplômés ou de bacheliers.   Le désenchantement du peuple tunisien depuis une dizaine d’années avec l’ascension au pouvoir de faux-dévots, a fait accentuer le phénomène de la fuite des cerveaux. On a bien entendu parler de ces jeunes brillants bacheliers ayant raflés les meilleurs notes nationales et qui ne rêvent que du grand départ. Quitter un pays où l’on clochardise la science et les scientifiques  et où les portes de la chance sont grandes ouvertes devant les corrompus fourbes et menteurs est devenue monnaie courante.  Et même dans l’incapacité de décrocher une bourse d’études, des Tunisiens pauvres et dans le besoin se sont retrouvés dans l’obligation de prendre des prêts bancaires pour donner à leur progéniture la possibilité de vivre sous d’autres cieux, plus justes et où l’ascenseur social n’est pas détérioré. 

Ceci est d’autant plus vrai  si l’on considère que  la catégorie d’émigrés a changé aujourd’hui, puisque la politique d’accueil  étrangère, européenne d’une manière générale, a changé à son tour  et on ne peut que s’attrister de la courbe ascendante des départs de nos ingénieurs et médecins qui sous nos cieux ne peuvent que vivre dans le besoin et dans la non-reconnaissance. La disette d’argent qui touche les hauts cadres  est le résultat d’une politique entreprise depuis dix ans par un islamisme rampant et qui vise à paupériser les populations éclairées et cultivées  et à leur faire vivre le mal d’un pays qu’ils quitteront à la première occasion qui se présente. L’abêtissement du peuple et la misère intellectuelle de la  société a accentué ce problème de cette élite qui nous quitte. 

Il y a lieu de remarquer  que là aussi les statistiques sont soit quasi-absentes soit erronées car politisées. Et si l’on  invoque des chiffres d’il y a dix ans on peut compter quasiment  73 mille compétences tunisiennes expatriées aux quatre coins du monde. On compte 73189 individus parmi lesquels 44329 étudiants et 28860 coopérants et hauts cadres dans plusieurs domaines. La majorité de ces compétences réside en Europe, soit 38 257 étudiants et 18011 hauts cadres entre universitaires, chercheurs et hommes d’affaires. Vient ensuite l’Amérique du Nord (USA et le Canada) qui accueille 2262 compétences.  Il faut multiplier ces chiffres par trois pour avoir une idée précise de l’ampleur du problème qui fait qu’un pays ne profite que peu ou jamais de la compétence de ses enfants. Ces derniers viendront se lézarder sous notre beau ciel méditerranéen, pendant l’été, en attendant de voir profiler de vraies politiques nationales et patriotes  les concernant.

Mona BEN GAMRA