De la créativité conjuguée au féminin pluriel
Dans la même veine, leur art est un mélange subtil d’une musique alternative aux sonorités modernes et ethniques dans tous les cas recherchée. Badiaa Bourizi alia Neysatou et Oum ont fait un duo musical hors du commun lors d’une soirée au FIC 2022. A Hammamet la créativité est cette fois-ci conjuguée au féminin pluriel.
Le public est certainement sélectif et connaisseur. Le festival international de Hammamet continue dans la même lancée pour concocter un art engagé qui draine un public mélomane qui n’attend que ce genre d’occasions pour ce déplacer en grappes d’individus pour voir un spectacle tant attendu. Le duo musical féminin a conquis le public de cette 56ème édition du FIC lors de la soirée du 03 août. La première voix est celle de la Tunisienne Badiaa Bouhrizi, laquelle s’est ajoutée à celle de la Marocaine OUM , toutes les deux ont emprunté leurs chemins respectifs dans un art engagé qui aujourd’hui a son public fidèle et avide de leurs nouveautés en la matière. Pendant presque trois heures les artistes ont donné à voir et à entendre leur dernières créations et elles n’ont pas démérité.
Des valeurs humaines à défendre
A commencer par « Kahrou Musiqa » le dernier album en date de Neysatu qui comme on l’a déjà indiqué s’inscrit dans la lignée d’une musique alternative qui depuis presque 10 ans a eu ses adeptes parmi les jeunes et moins jeunes. Sa musique essentiellement humaine défend les valeurs communes d’un art qui se veut la voix des moins nantis de notre mère terre, en planchant notamment sur des questions existentielles qui interrogent notre rapport à la vie. Avec des titres comme « Ya Leytani », « Munaquadha », « Mood » ou « Orkodh » le public ne désenchante pas. Il est carrément bousculé avec des chansons qui ont ébranlé la scène du festival. Nous citerons bien entendu « Limits of control » ou « Patch Mama ». Badiaa Bouhrizi par ailleurs, tente d’expérimenter les limites d’un art auquel elle apporte un côté théâtral. Son entrée sur scène pour le moins spectaculaire n’a laissé personne indifférent. Arborant une brassière et une jupe à crinoline, sa petite valise à la main, elle y dispose quelques objets de son univers, un bric-à-broc d’accessoires qu’elle enfile pendant sa prestation.
Badiaa Bouhrizi quitte sa tenue de scène mais pas son art, en laissant la place à OUM venue présenter, quant-à-elle un voyage musical à travers le temps et l’espace. Le public présent a découvert son troisième album, « Daba » qui dans le dialecte marocain veut dire « maintenant ».
Un art dans l’ère du temps
Plus que jamais OUM veut vivre et chanter dans son époque, ici et maintenant, en interprétant une musique qui célèbre l’instant présent dans toutes ses acceptions. Son dernier album qui disons-le sans risque d’erreur s’inscrit dans un registre différent par rapport aux deux précédents et nous fait découvrir un autre style de musique qu’on peut apprécier avec des titres comme « Ha », « Sadak » ou « Daba ». Et c’est tant mieux car là encore l’artiste prouve qu’on ne peut la classer dans un genre musical précis ou réduire sa créativité à un art qui chante uniquement le Sahara et ses grandes étendues de terre. Rappelons que l’artiste a rencontré le succès depuis 2015 avec son album « Zarabi » , aujourd’hui elle brasse plus large avec un art qui s’essaye à d’autres sonorités et à d’autres sujets qui parlent plutôt de son quotidien d’artiste. Les sons d’une musique électro, acoustique et instrumentale sont rehaussés par des images vidéos psychédéliques en arrière plan. On est complètement transporté par les sons, les images et la voix envoûtante d’une artiste perchée au sommet de la gamme et qui ici nous livre une prestation hors du temps et de l’espace. Le voyage musical est garanti.
Mona BEN GAMRA