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« Blackout » de Mounir Argui 

Quand la lumière  aveugle et que l’obscurité  rende plus clair le chemin

Sacré Mounir Argui ! Ce chevronné du théâtre nous concocte une pièce donnée en première le mois de mars dernier mais qui commence à faire son petit bonhomme de chemin à travers les festivals. ‘’Blackout’’ son dernier opus, est de ce genre de pièces de théâtre qui émeuvent,  qui à la sortie de la salle de représentation, une sensation étrange s’en prend de nous… C’est une pièce de théâtre qui aborde le thème de l’absence de vision qui rend plus présente la lumière intérieure qui nous guide et nous montre le chemin. 

‘’Blackout’’, une pièce de théâtre de marionnettes portées qui  ébranle car  jette les lumières sur la part sombre de notre existence, sur  ces illusions qui nous bercent , ces choses inutiles qui détournent notre regard de l’essentiel et qui finissent par  nous rendre  aveugles à la clarté du jour.  La pièce de théâtre,  qui est une adaptation de l’œuvre  de Maurice Maeterlinck portant le même titre ‘’les aveugles’’,  parle de douze aveugles qui perdent leur chemin dans une forêt, abandonnés à leur propre sort suite à la mort de leur guide. « Théoricien du théâtre symboliste, Maurice Maeterlinck a écrit « Les Aveugles » , il y a presque deux siècles.  Une œuvre intemporelle car elle met en scène des personnages malvoyants  confrontés à l’obscurité de leur destinée. La poésie de Maeterlinck se déploie dans les dialogues des personnages, dans leurs échanges, leurs angoisses et leur rapport à cette réalité inconnue qui les entoure. Les aveugles sont confrontés à la nature qui les entoure (vent, mer, feuilles) qui est presque toujours plutôt une menace qu’un bienfait. »

Dans ‘’Blackout ‘’ les comédiens nous font vivre l’action scénique en la  détruisant. Ici tout se passe devant nos yeux, même les décors qui s’installent à l’instant. Une approche participative qui fait du spectateur un acteur de cette pièce qui se joue.  Le spectateur est le seul voyant  qui à force d’être imprégné des histoires des personnages s’y embrouille et perd ses repères. 

Chaque marionnette parle de sa propre histoire de la cécité qui n’est autre qu’une métaphore de  lumière intérieure qui évolue selon qu’on est libéré du joug de la vie matérielle ou pas. L’absence de vision rend l’invisible encore plus présent et la métaphore de la cécité prend tout son sens dans  l’illisibilité du sens  de chacun d’entre nous. 

Mona BEN GAMRA