Culture du pauvre vs culture de consommation de masse
Les programmes des festivals d’été commencent déjà à être annoncés. On ne peut que se féliciter du fait que les festivités pullulent et poussent comme des champignons dans toutes les régions du pays. C’est bon signe diront certains, puisque cela présage une animation culturelle qui s’acquitte de son rôle en occupant l’espace public. Mais s’agit-il uniquement d’occuper l’espace public en existant grâce à la subvention publique ? C’est là toute la question qui fait tomber les comités d’organisation des festivals d’été dans le piège de la facilité qui , d’année en année, se contentent de dispatcher le budget alloué sur l’ensemble des soirées pour meubler un calendrier estival. Que demande le peuple, sinon un programme de spectacles qui lui feront oublier la moiteur des veillées estivales ? Un programme qui dans cet aspect ressemble à ce que le britannique Richard Hoggart a appelé au début des années 60, la culture de consommation de masse par opposition à la culture du pauvre qu’il s’imagine en dehors des poncifs aristocratiques. A cette époque-là, il a dénoncé la perte d’une culture populaire authentique en faisant une sorte de plaidoyer contre la culture de masse imposée par l’ère industrielle. Il a montré, également, que « la réception d’un message culturel ne saurait être dissociée des conditions sociales où elle s’accomplit » Les résultats de ces recherches sont toujours de mise aujourd’hui lorsque le public des festivals reçoit presque de la même manière des produits culturels de consommation de masse, une offre qu’il ingurgite sans penser à leur portée. Mais qui pense aujourd’hui à la manière dont on reçoit ces denrées culturelles ? Personne, sinon quelques artistes marginaux sans couverture sociale ou des intellectuels au chômage ou en passe de se retrouver sans emploi. Entre temps, les comités d’organisation des festivals d’été continueront de nous concocter des programmes qui se ressemblent sans se soucier de la réception de ces messages culturels encore moins de la spécificité de leurs régions respectives.
Mona BEN GAMRA